Une vue 360°
« L’objectif de la gestion de patrimoine est, pour nous, d’avoir une vision d’ensemble de la situation financière d’un individu ou d’une famille », explique Jean-François Bousquet, conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale.
Au-delà de la simple épargne mensuelle servant à pallier les imprévus ou à s’offrir un voyage, il est crucial de savoir exactement ce que vous possédez – et ne possédez pas.
En gestion de patrimoine, il faut s’assurer que toutes les données financières interagissent entre elles, que chaque aspect d’un bilan tient compte de ce qui se passe ailleurs dans la vie de celui qui investit. Et la procédure commence par un examen approfondi de la situation personnelle, familiale et professionnelle.
« Une fois qu’on a toutes les données en main, il est plus facile de faire un plan de retraite, par exemple. » – Jean-François Bousquet
Pour vous outiller, voici quatre aspects qui risquent fort d’être abordés lorsque vous consulterez un gestionnaire de patrimoine.
La fiscalité
Prenez l’exemple d’un investisseur qui ne se préoccupe que du rendement. « Plusieurs ne regardent que la croissance de leur portefeuille, sans se demander si, d’un point de vue fiscal, ils ont les bons titres », explique M. Bousquet.
Il faut savoir que, d’un point de vue fiscal, tous les titres n’ont pas le même traitement. Ainsi, après avoir étudié la situation propre à chacun, il n’est pas rare d’être capable de dégager des économies d’impôt uniquement en réaménageant le portefeuille. « Seule une analyse détaillée qui englobe l’ensemble des actifs et des objectifs d’un client permettra la mise sur pied d’une stratégie cohérente d’un point de vue fiscal », poursuit l’expert.
Les actifs
Vous avez des placements, mais comment interagissent-ils entre eux? Il est primordial que la corrélation entre vos titres soit analysée afin de vérifier que ceux-ci ne réagissent pas de la même façon aux mouvements boursiers, assurant ainsi un meilleur équilibre du portefeuille.
Cela dit, le risque de repli boursier n’est pas le seul risque existant.
Avez-vous pensé à la manière dont votre portefeuille réagira aux mouvements des devises impliquées si vous investissez dans des titres étrangers? La perte de change peut venir anéantir le rendement gagné sur un placement.
Est-ce que votre portefeuille de titres à revenu fixe est sujet à une forte correction en cas de hausse des taux d’intérêt? Cette question est d’autant plus pertinente que la Banque du Canada a relevé ses taux à plusieurs reprises dans les derniers mois.
Parmi vos actifs, avez-vous prévu conserver une portion dite liquide, soit des placements qui se vendent facilement, vous permettant d’accéder rapidement à vos fonds en cas d’urgence? Cette section du portefeuille peut vous éviter de devoir vendre des placements à un moment inopportun.
Avez-vous pris en compte la valeur de votre résidence dans la gestion de vos actifs? Souvent l’actif le plus important d’un ménage, elle dégage aussi un rendement : l’augmentation de sa valeur pourrait servir de levier, par l’entremise d’une marge de crédit hypothécaire, pour financer d’autres investissements.
« La diversification de vos investissements est un des piliers les plus importants dans la construction de votre portefeuille et seule une approche de gestion de patrimoine vous permettra de répondre à ce genre de questions », selon M. Bousquet.
Le passif
C’est l’autre aspect, trop souvent négligé, auquel on s’attaque en mode gestion de patrimoine. Encore ici, ne pas se préoccuper « des deux côtés du bilan » peut causer des surprises.
« Par exemple, si on ne s’occupe que du portefeuille, on ne verra pas qu’il y a une marge de crédit non remboursée, explique M. Bousquet. En revanche, une fois cette dette intégrée à la planification globale, on peut en faire la gestion. »
« C’est d’ailleurs une question souvent posée : est-ce qu’on peut rembourser une dette avant une autre? », soulève M. Bousquet. La réponse est oui : en règle générale, celle dont l’intérêt est le plus élevé doit être privilégiée.
Encore ici, la gestion du passif sera influencée par l’ensemble de la situation.
Par exemple, doit-on payer une dette X avant de commencer à investir dans un compte Y? Tout est question de taux : si le rendement escompté est supérieur au coût de la dette, on adoptera une stratégie différente à celle d’un cas où la dette coûte très cher par rapport au rendement.
L’assurance
Ce besoin de protection de votre patrimoine sera différent au cours des étapes de votre vie. Lorsqu’on a une jeune famille, il faut la protéger contre les mauvais coups du sort. Lorsqu’on commence à détenir des actifs importants, comme une résidence, il faut protéger sa capacité à la payer.
Pendant leurs années professionnelles prospères, certaines personnes se sentent rassurées en prenant une assurance salaire ou maladies graves afin de maintenir leurs revenus en cas de malchance. Ou encore, des gens qui n’ont pas accès à une caisse de retraite peuvent souscrire à une rente, ou plutôt, cotiser à un produit d’assurance en échange d’un revenu versé à la retraite.
« La seule façon de répondre à ces questions, c’est d’avoir un plan global », conclut Jean-François Bousquet. Plan global qui pourra être vu avec un conseiller en gestion de patrimoine.